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Section PCF de Denain
19 mai 2009

Entretien avec Pierre Laurent dans l'humanité

« Le Front de gauche peut réaliser une percée »

 

 

Pierre Laurent, coordinateur national,

appelle à « une mobilisation populaire en faveur

d’un vote de gauche porteur de solutions à la crise ».

 

 

Atone jusqu’à aujourd’hui, la campagne semble enfin commencer. Comment expliquez-vous qu’à part le Front de gauche, l’ensemble des listes et des formations aient attendu si longtemps avant d’engager le fer, au risque de renforcer le courant abstentionniste ?

 

Pierre Laurent. Les trois semaines qui s’annoncent vont être essentielles. De très nombreux électeurs qui n’avaient pas ce scrutin européen en tête vont seulement maintenant se poser la question d’aller ou non voter le 7 juin. Nous entrons dans une phase nouvelle de la campagne, où Nicolas Sarkozy cherche à mener la danse, avec trois objectifs. Le premier objectif est de susciter une abstention populaire massive. Partout fleurissent des articles sur le thème de l’abstention « attendue ». La droite craint l’expression de la contestation des politiques libérales en France et en Europe. Le deuxième objectif de Nicolas Sarkozy est de mobiliser suffisamment d’électeurs de l’UMP pour arriver en tête du scrutin et se présenter comme vainqueur dans un contexte d’abstention massive. Il reprend pour cela l’activisme dont il est le champion pour occuper tout l’espace médiatique jusqu’au dernier jour. Son troisième objectif est d’étouffer, face à lui, l’expression de toute politique alternative. Il choisit donc ses opposants, notamment François Bayrou, qui est en fait l’homme de rechange de la droite. Dans ces conditions, l’enjeu de ces dernières semaines est clair : pour contrer efficacement la politique de Nicolas Sarkozy, qui est aussi celle des autres dirigeants européens, il faut une mobilisation populaire la plus large possible en faveur d’un vote de gauche réellement porteur de solutions à la crise. Le vote en faveur des listes du « Front de gauche pour changer d’Europe », c’est cela, non pas un anti-sarkozysme de façade, mais une opposition à la droite efficace parce que porteuse de propositions pour changer en France et en Europe.

 

Nicolas Sarkozy n’est pas le seul à avoir évité d’engager le débat sur l’Europe…

 

Pierre Laurent. Non, effectivement. Le PS se sait en difficulté sur l’ambiguïté qu’il y a à mener une campagne anti-Sarkozy et, d’un autre côté, à accompagner les politiques libérales au plan européen. Il tente d’échapper à ce débat, et François Bayrou fait de même. On assiste à une volonté de déconnecter les enjeux de la crise actuelle des enjeux du scrutin européen. En vérité, c’est une seule et même question car les politiques libérales menées en France, en Allemagne, en Espagne ou à l’Est produisent partout les mêmes catastrophes. Les salariés connaissent ces liens, mais ils doutent de l’utilité du scrutin européen pour agir efficacement. C’est ce doute qu’il faut lever.

70 % des Français avaient participé au référendum qui a rejeté la constitution européenne, le 29 mai 2005. N’est-ce pas la preuve qu’ils s’intéressent aux enjeux, dès lors que l’on mène le débat ?

 

Pierre Laurent. L’abstention n’est pas une calamité naturelle. Le référendum de 2005 a montré que les salariés français s’intéressent aux enjeux européens. Face à la crise, chacun a aujourd’hui conscience que l’Europe pourrait être un échelon pertinent pour agir si l’orientation des politiques de l’Union était changée. Nos propositions vont concrètement dans ce sens par exemple sur les salaires, sur l’emploi, les services publics. Ceux qui, à gauche et à l’extrême gauche, nourrissent l’idée que cette élection ne peut pas faire bouger les lignes rendent un très mauvais service au mouvement social. On ne gagnera pas les batailles sociales en Europe en continuant à y perdre toutes les élections. C’est de surcroît un service rendu à Nicolas Sarkozy qui tirerait bénéfice d’une victoire pour aggraver sa politique antisociale. En Europe, nous avons des alliés. Les Pays-Bas et l’Irlande, eux aussi, ont dit « non » au traité constitutionnel. Les manifestations eurosyndicales ces jours-ci le montrent également. L’échelon européen est pertinent pour faire converger les peuples. On l’a vu avec la directive temps de travail, avec la directive Bolkestein. C’est ce que je dirais, aujourd’hui, à Bruxelles, au meeting organisé par le Parti de la Gauche européenne à l’occasion de l’euromanifestation syndicale.

 

Le bilan des eurodéputés communistes et l’action du groupe de la GUE ne sont-ils pas des arguments à mettre en avant dans la campagne ?

 

Pierre Laurent. Nous voulons effectivement des élus combattants au Parlement européen, parce que le travail accompli par les deux députés communistes français sortants, Francis Wurtz et Jacky Hénin, dans le groupe de la GUE où siégeront les députés du Front de gauche, a fait ses preuves. Chaque fois que ce travail est connu, il est apprécié comme élément d’appui important au mouvement populaire. C’est donc un enjeu d’envoyer cette fois non pas deux, mais trois, quatre, cinq… députés au Parlement européen.

 

Un silence médiatique a entouré jusqu’à présent les activités du Front de gauche et finalement ne souffre-t-il pas d’une insuffisante visibilité ?

 

Pierre Laurent. Face au silence médiatique, il nous faut, jusqu’au bout, expliquer la démarche du Front de gauche : une démarche d’unité entre des formations politiques, le Parti communiste français, le Parti de gauche, la Gauche unitaire, d’autres groupes politiques, et des syndicalistes, des personnalités, des citoyens signataires de nos appels. C’est une alliance politique et une construction citoyenne qui vise, en se rassemblant, à faire bouger toute la donne à gauche. Cette démarche, quand elle est connue, s’avère extrêmement convaincante, elle emporte l’adhésion assez facilement, notamment dans les milieux populaires et chez les citoyens engagés dans l’action sociale. Progressivement, la méconnaissance du Front de gauche recule. Les sondages bougent. Je pense que nous pouvons réaliser une percée significative.

 

 

 

Le 28 mai, les députés communistes et PG déposeront trois propositions de loi, initiative à laquelle vous avez décidé de donner un éclat particulier. Inscrivez-vous cette démarche dans la campagne des européennes ?

 

Pierre Laurent. Le 28 mai, les députés communistes et du Parti de gauche déposeront trois propositions de loi visant l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices ou qui délocalisent, l’augmentation du SMIC à 1 600 euros, la suppression des franchises médicales, du bouclier fiscal et de toute une série de mesures urgentes. Nous invitons les salariés et la population des quartiers populaires à venir ce jour-là à l’Assemblée nationale pour soutenir les textes que défendront dans l’Hémicycle les parlementaires communistes et PG. Nous voulons donner un écho national à cette initiative. Nous voulons interpeller les parlementaires des formations qui font souvent de beaux discours devant la porte des entreprises, mais qui seront ce jour-là au pied du mur. Ils voteront ou non les articles de loi que nous mettrons sur la table. Nous allons mobiliser toutes nos forces dans les jours qui viennent pour faire de cette initiative un événement. Des délégations d’entreprise comme Caterpillar ou Celanese se sont déjà annoncées. Nous attendons la venue de représentants de dizaines d’entreprises et de nombreux élus locaux. Et le 7 juin, nous continuerons à porter dans les urnes toutes ces propositions contre le dumping social, les délocalisations, pour la protection des salariés et une vraie relance sociale.

 

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